Cinema Improbable

Synopsis : Il s'agirait d'arrêter avec les références bibliques au début du film ! Ça donne peut-être un côté plus mystérieux au scénario, mais ça annonce clairement le thème du film ainsi que le détournement abusif d'écritures religieuses pour tenter de donner un aspect vraisemblable à l'histoire.

Le film commence donc par un joli happy beginning avec un couple heureux qui se marie puis part en lune de miel dans un cadre un peu exotique, à savoir Santo Domingo en République dominicaine. On s'immisce progressivement dans la vie privée du couple qui semble rayonner de joie, bref c'est trop beau pour être vrai, on sent l'arrivée imminente d'une saloperie (avec comme premier indice une liseuse de cartes plutôt flippante). Celle-ci ne tarde pas car nos deux amoureux se font traquenarder dans une soirée locale où une fois bien ivres, ils sont la cible d'un rituel mi-vaudou mi-maléfique.

Nos amoureux se réveillent le lendemain sans aucun souvenir, et le cœur léger repartent chez eux. Toutefois, ils ne s'en vont pas les mains vides car la femme une fois chez elle réalise qu'elle est enceinte ; heureuse nouvelle pour le couple qui se prépare donc à accueillir un bébé qu'on imagine un peu spécial. Les premiers indices ne tardent pas à apparaître, quoique subtiles mais toujours crescendo ; le spectateur comprend aisément que le bébé est le fauteur de troubles et que la mère commence à se comporter de façon étrange... Alors que les signes s'accumulent, le mari finit par se poser des questions et tombe sur la vidéo de la lune de miel avec le rituel satanique bien mis en évidence ! Il dispose désormais d'une preuve tangible, mais l'enregistrement disparaît comme par enchantement tandis que sa femme pète littéralement un câble !

La scène finale est un peu WTF à mon goût avec le meuf qui a des super-pouvoirs qui font passer Magneto pour un prestidigitateur de quartier et qui retourne la baraque avant d'accoucher de son gamin-démon au travers d'une scène des plus dégueulasse ! Les zouzous du début viennent tranquillement chercher la progéniture tandis que la femme meurt en donnant la vie comme annoncé et son mec écope pour tout le bordel faute de preuve. Petit twist final qui suggère un cercle vicieux.

 

Réalisation : Matt Bettinelli-Olpin a déjà fait ses armes en réalisant VHS, génial ! C'est donc son deuxième film qu'il a co-dirigé avec Tyler Gillett (lui aussi présent dans VHS, ce sont certainement deux potes) ; ce qu'on pourra retenir donc c'est qu'ils s'améliorent !

Malheureusement pour moi le film est filmé à la caméra embarquée (found footage), un style assez controversé que je ne cautionne pas forcément car ça peut ajouter certes du réalisme à l'histoire mais aussi donner au film un côté amateur. Donc on doit se taper la majorité du film à travers la caméra de notre couple qui sont d'ailleurs bien relous avec ça ; ils filment absolument tout ! On a de temps en temps quelques plans provenant des caméras annexes planquées par les vieux zouzous dans la maison du couple, sans doute pour vérifier l'avancée de leur projet diabolique, puis des caméras de surveillance de magasin, hôpital etc.. histoire de multiplier les angles et donc les approches pour des éléments de surprise. On pourra signaler un gros product placement d'Apple ; reste à savoir si c'était prévu ou si Apple a porté plainte pour ce placement abusif dans un film dont la thématique n'est pas vraiment en adéquation avec sa politique marketing.

Le réalisateur n'aura bien sûr pas oublié la vision nocturne de la caméra, grand classique dans les films à la caméra embarquée !

Fait surprenant, le film a été hautement critiqué pour s'être inspiré (apparemment) de Rosemary's Baby en 1968 ainsi que pour son utilisation de la caméra à l'épaule ; alors oui j'en suis pas un grand fan mais de là à se prendre 18% sur Rotten Tomatoes, ça fait pas du bien !

 

Bande-son : Comme le film fonctionne en caméra portée, on utilise pas vraiment de musiques additionnelles pour un meilleur réalisme, sauf quelques surprises sonores toujours textbook mais efficaces. Par contre la musique de générique de fin est vraiment WTF, pas du tout en accord avec le scénario !

 

Jeu des acteurs/Personnages : La majorité des acteurs ont quelques références dans le cinéma ou la télévision, mai aucune "grosse prise" dans ce film. On pourra juste signaler le vieux Griff Furst dans un rôle de seconde zone ; ça lui va bien vu qu'il adore faire des films de seconde (voir cinquième) zone !

Le film se centre principalement sur notre couple de couillons fous amoureux (incluant plusieurs séquences à dormir debout) très solidaires au début, mais l'arrivée du bébé taré va jeter un froid dans leur relation, et la tension ne tarde pas à apparaître entre le meuf de plus en plus névrotique et le père qui ne sait pas sur quel pied danser.

Le jeu d'acteur est correct sans être dingue, suffisamment pour qu'on puisse y croire et se plonger dans l'histoire sans être désappointé par les mimiques ridicules des acteurs (vrai pour de nombreux films de The Asylum ou SyFy pour ne pas les mentionner) ; le mec est toutefois un peu trop passif face à sa femme qui se transforme en suppôt du diable !

 

Conclusion : Un film qui reste globalement correct ; lent à démarrer, il prend son temps pour poser l'action et nous expliquer ce qui va arriver. Pas trop de suspense certes, mais bon de toute façon on est au courant depuis qu'on connaît le titre plus que suggestif ! La caméra embarquée est un peu trop utilisée et on se lasse facilement des plans qui bougent dans tous les sens, sans compter la fin qui part un peu en live, mais on passe tout de même un bon moment ! (enfin tout est relatif)